- Le chef de l’Etat-major particulier de Paul Biya est décédé hier à Kribi.
L’entourage du président de la République du Cameroun, Paul Biya, vient d’être amputé d’un de ses membres essentiels. Le général Blaise Bénaé Mpéké, chef de l’Etat-major particulier du président depuis plusieurs années, est, en effet, décédé hier en fin d’après-midi à l’hôpital de Kribi. Il y avait été conduit quelques minutes plus tôt après une chute brutale à son domicile, suite à un accident vasculeux-cérébral (Avc), a appris Mutations. Le général Blaise Bénaé Mpéké s’était rendu dans le chef lieu de son département d’origine en fin de semaine dernière, afin de parachever les préparatifs du mariage de l’un de ses fils, "Eliasco" Bénaé (jumeau de Martino Bénaé, directeur de l’hôtel Palm Beach plus, appartenant au général), qui a eu lieu samedi, 30 décembre dernier à Kribi.
Quatre jours après cet heureux évènement, le chef de l’Etat-major particulier du président Paul Biya n’était pas toujours retourné à Yaoundé. Une situation qui, selon des sources introduites au palais de l’Unité, a commencé à susciter quelques interrogations hier matin, dans la mesure où Blaise Bénaé Mpéké devait prendre une part active dans la préparation de la cérémonie de présentation des vœux de nouvel an au chef de l’Etat par les diplomates et les corps constitués camerounais. Cérémonie qui a lieu ce jour au palais de l’Unité selon un programme publié hier soir sur les antennes de la radio et télévision publique.
Hégémonie
Né le 2 avril 1939 à Mboa-Manga, son village natal devenu par la force des choses un quartier de Kribi, chef lieu du département de l’Océan dans la province du Sud, Blaise Bénaé Mpéké a été élevé par le chef de l’Etat au grade de général de brigade en septembre 2001, alors qu’il avait déjà atteint l’âge de la retraite quelques années plus tôt au grade de Lieutenant-colonel. Avant cette ascension, Blaise Bénaé Mpéké a, entre autres services, officié au Régiment du génie militaire à Douala, et au bureau militaire de la présidence de la République, avant d’être propulsé au poste de chef de l’Etat-major particulier du président de la République, au lendemain de la tentative de coup d’Etat du 6 avril 1984, alors qu’il était chef de bataillon (grade de commandant).
Membre de la promotion Réunification sortie de l’Ecole militaire interarmes (Emia) en 1961, la 2e de cette institution de formation des officiers, ce proche du président de la République était aussi diplômé de l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé. Il y a eu comme camarade de promotion Giles Roger Belinga, ancien Dg de la Société immobilière du Cameroun (Sic), actuellement incarcéré pour détournement de deniers publics. Et comme enseignant, un certain Peter Mafany Musonge, Premier ministre du Cameroun de 1996 à 2004. Les affres de la formation à l’Emia, Blaise Bénaé Mpéké les a subis en compagnie des camarades tels que les généraux Camille Nkoa Atenga, Taka Songola, Daga Founansou, et les colonels à la retraite Alfred Fuhler, Roger Valdez Kayesse.
Dans le département de l’Océan, celui qui était jusqu’à hier soir chef de l’Etat-major particulier du président de la République, traînait la réputation d’un homme qui voulait asseoir son hégémonie sur la cité balnéaire. Après avoir été accusé d’avoir pistonné son fils, Serge Bénaé, pour une place de député à l’Assemblée nationale, nombreux sont les ressortissants de Kribi qui le soupçonnaient de vouloir renverser l’actuel maire de Kribi, M. Mba Mba, à travers son fils, Martino Bénaé, qui entretient régulièrement une fronde au sein du conseil municipal de cette localité. Une manière d’enraciner l’hégémonie des Bénaé à Kribi, laquelle est déjà symboliquement palpable dans la capitale camerounaise, à travers cette somptueuse villa de couleur jaune, qui surplombe le lieu dit Ekoudou-Bastos, tel un mirador, et tous les autres châteaux appartenant aux thuriféraires du Renouveau, que ce quartier abrite.
A côté de ses activités au palais de l’Unité et de celles d’opérateur économique (il est propriétaire de l’hôtel " Palm Beach plus " et d’une entreprise de pêche à Kribi), le général Blaise Bénaé Mpéké, notable de la chefferie du groupement Batanga-Lohové, était un bienfaiteur. A son actif, l’on peut mettre la construction de la salle des fêtes de Mboa Manga baptisée "Nda Boya Itondi [entendez, la maison de l’amour]", la réfection de la paroisse Epc de Kribi-ville et de celle de la cathédrale St Joseph de Kribi, ainsi que le bitumage du tronçon Mboa Manga-Kribi. Il laisse une femme et cinq enfants, dont une seule fille, qui vit actuellement aux Etats-Unis.
Mystère
Comme sa vie, sa mort a été entourée d’un halo de mystère tout au long de la soirée d’hier alors qu’une rumeur folle essaimait à travers le pays. L’homme était en bien des points mystérieux et même mystique et sa présence dans le dernier cercle du président de la république tenait certainement à ses aptitudes militaires mais surtout, selon certaines personnes, à un penchant prononcé pour l’ésotérisme.
Jusque tard en soirée, quelques membres de sa famille tentaient de dissimuler l’information, indiquant au surplus que le général avait été victime d’une intoxication alimentaire sans gravité. Jusqu’au moment où, aux environs de 21 heures, on signalait que la famille convoyait la dépouille mortelle vers l’hôpital général de Yaoundé où elle attendra l’annonce officielle et la publication du programme des obsèques. Le temps, probablement, de laisser le patron du général conduire les diverses cérémonies de présentation de vœux dans un palais de l’unité où, à n’en point douter, son ombre planera pendant toute cette journée, qui fait partie de celles qu’il affectionnait tant.
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